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18 avril 2013 4 18 /04 /avril /2013 13:28

Tristane Banon est une romancière, nouvelliste, journaliste et chroniqueuse française. Après deux essais et trois romans, la jeune femme nous revient avec son dernier livre "Le début de la tyrannie".


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« Il faut faire vite, agir avant que la mort ne nettoie tout sur son passage. La mort, c'est le karcher des vivants. Alors il n'y a qu'un bref instant pour l'honnêteté, un vide entre maintenant et plus tard. C'est le seul moment de vérité entre une mère et sa fille, après commence la légende. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Elle sait que ce n'est pas possible, sa mère l'aurait prévenue, elle ne serait pas partie sans un mot. […] Alice ne pleure pas, elle pense au lait qui chauffe, finira par dépasser les limites de la plaque à induction, elle pense à ce qu'elle devait faire aujourd'hui, aux rendez-vous à annuler, aux démarches administratives, à sa douche qu'elle n'a pas encore prise. Ses yeux devraient déborder, son front bouillr. »


C'est ainsi que se plante peu à peu le décor de ce nouveau livre. Dans son dernier roman, Daddy frénésie, Tristane Banon évoquait les liens de Flore avec un père inexistant. Cinq ans plus tard, Le début de la tyrannie nous plonge dans l'histoire d'Alice avec une mère destructrice. Au fil des pages, on se prend d'affection pour cette jeune femme qu'est Alice ; et on jure devant les mots infâmes de Maud, cette mère toxique dont on ne sait même pas si elle se rend compte ou non de sa propre méchanceté.

"Maman différente, mais maman malgré tout. Maman mal-aimante, mais maman aimante. Tout de même. Personne ne peut comprendre ce qui se joue d'atroce et merveilleux entre Alice et sa mère, son joyau, sa pierre précieuse. Alice a longtemps cru que Maud devait être SA maman à elle, pas juste sa mère."


Je confirme qu'il est difficile de comprendre ce qui peut être merveilleux dans cette relation. On voudrait prendre Alice par la main et l'emmener loin de cette personne abjecte. Quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle pense, sa mère la rabaisse toujours. L'ignore presque. On avance dans ces pages avec une petite boule d'appréhension. On a beau lui dire d'arrêter, de la laisser là sur le bord de la route, Alice n'en fait qu'à sa tête. C'est à peine croyable, mais elle aime sa mère comme si elle était une bonne mère. Elle aime sa mère pour qu'une fois dans sa vie, elle soit comme une maman. Un peu… Elle l'aime et lui obéit. Pour tout. Jusqu'à son amour, Grégory.

"Certaines mères transpirent la maman de partout, c'est comme si on les vaporisait chaque matin d'une odeur douce et enrobante. C'est pour ça qu'on repère les femmes qui ont des enfants avant même qu'elles aient parlé."


Cette mère-là ne transpirent pas l'amour. D'un côté, on a Alice qui fait absolument tout pour réaliser les derniers rêves de sa chère mère, qui l'emmène au bout du monde, qui lui offre tout sur son passage… De l'autre, on a Maud qui joui sans même un regard amical, qui veut que personne ne soit au courant, qui profite de ces instants comme s'ils lui étaient dus ! Entre deux, il a le lecteur qui aimerait certainement pouvoir baffer cette hystérique de mère qui ne voit même pas le mal qu'elle fait autour d'elle. Sa fille est invisible et n'en fait jamais assez. D'ailleurs c'est simple, plus elle en fait, moins c'est assez !

"L'ADN d'Alice, chacun de ses gestes doivent quelque chose à Maud, comme si sa mère transpirait d'elle à chaque seconde de sa vie."

Ce livre nous met face à une situation qui pourrait paraître grotesque mais qui pourtant, nous pousse dans nos retranchements et nous force à réfléchir… Et si Alice, c'était nous ? Comment réagirions-nous ? Comment le vivrions-nous ?


Mais enfin, la mort vient comme une délivrance. Une souffrance, certes, car une mère reste une mère, aussi destructrice soit-elle… C'est d'ailleurs ce que nous démontre ce livre. Mais une délivrance enfin. Celle d'une nouvelle vie. C'est sur cette note d'espoir et de volonté que se conclu le roman… Le retour à soi.



« "On peut se voir ? Demain ? Ce soir… Oui, ce soir c'est bien aussi."

Dans cinq heures et demie, elle sera à Paris. Il fait beau dehors. »

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